28 janvier 2016

L'impact de l'alcool sur la glycémie

Doit-on bannir complètement l'usage de l'alcool chez le patient diabétique? Cette question est pertinente lorsqu'on considère que l'ingestion d'alcool peut produire des hyperglycémies et des hypoglycémies, masquer les symptômes d'hypoglycémie et augmenter les corps cétoniques. Également, l'alcool contient des calories et peut donc amener un gain de poids.

Cependant, les recommandations quant à la consommation d'alcool sont les mêmes que pour la population générale soit un maximum de 2 consommations par jour et de 10 par semaine pour les femmes et de 3 consommations par jour et de 15 par semaine pour les hommes. 

Une consommation modérée d'alcool a même été associée à certains bénéfices. En effet, elle diminuerait le risque de maladie coronarienne chez le diabète de type 2. La consommation modérée de vin rouge pendant 12 mois diminuerait le stress oxydatif et l'inflammation associés à l'infarctus du myocarde. Chez les personnes atteintes d'une pathologie rénale, elle permet aussi de protéger les reins. De plus, une consommation faible ou modérée diminue l'hémoglobine glyquée.

Par contre, une consommation élevée et fréquente augmente la tension artérielle et le taux de triglycérides sanguins chez les patients atteints de diabète de type 2. L'acuité visuelle diminue plus la consommation augmente, sans que la rétinopathie ne s'aggrave.

Comment l'alcool peut-il causer à la fois une hyperglycémie et une hypoglycémie ? En fait, l'alcool ne cause habituellement ni d'hypoglycémie ni d'hyperglycémie si elle est consommée avec un repas. Les boissons alcoolisées peuvent cependant contenir une quantité impressionnante de glucose ce qui peut causer une hyperglycémie momentanée.
Toutefois, chez les diabétiques de type 1 et les diabétiques de type 2 traités avec des sulphonylurées, des méglitinides ou de l'insuline, une consommation modérée d'alcool au souper ou 2 à 3 heures après le souper peut produire une hypoglycémie le lendemain matin ou même jusqu'à 24 heures après la prise. Aussi, l'activité physique peut augmenter le risque d'hypoglycémie.

Une hypoglycémie sous consommation d'alcool chez une personne non diabétique est peu fréquente, mais peut être anticipée chez un individu avec un problème d'usage abusif ayant également un faible statut nutritionnel ou une dysfonction hépatique sévère.

Bref, l'alcool peut être incorporé au plan de repas du diabétique de type 1 et 2 seulement si leur glycémie et leur taux de lipides sont bien contrôlés et qu'il n'ont pas d'autres contre-indications à la prise d'alcool (ex. maladie hépatique sévère, grossesse,etc.). Les individus qui sont traités
à l'aide de sulfonylurées, d'insuline ou de méglitinides devraient consommer de la nourriture lorsqu'ils consomment de l'alcool afin de diminuer le risque d'hypoglycémie retard.


Références :

Comité d'experts des lignes directrices de pratique clinique de l'Association canadienne du diabète. Canadian Journal of Diabete. p.74. Octobre 2013
Hopkins, Maryann. E-CPS. Prise en charge du diabète. Pharmacothérapie. Alcool. Consulté le 12-01-2016 [web] https://www-e-therapeutics-ca.acces.bibl.ulaval.ca/search?lang=fr
Steiner, Crowell et LAng, Impact of alcohol on glycemic control and insulin action. Consulté le 12-01-2016 [Web] http://www.ncbi.nlm.nih.gov.acces.bibl.ulaval.ca/pmc/articles/PMC4693236/

Rédigé par Camille Tremblay-Payeur, étudiante en pharmacie