01 janvier 2011

Des probiotiques dans les préparations lactées

Tiré du site de Protégez-Vous

On trouve désormais des bifidobactéries dans certaines préparations pour nourrissons. Effet de mode, coup de pub ou réel progrès?

Avec son lait Bon départ probiotique, Nestlé peut se vanter d’être «la première et la seule» au Canada à proposer un lait contenant des bifidobactéries B. lactis. Un probiotique qui, assure la compagnie, «contribue à la santé de la flore du tube digestif de bébé».

Dans sa volonté de s’approcher au plus près de la composition du lait maternel, l’industrie agroalimentaire aurait-elle trouvé le nouveau filon?

Effets bénéfiques
Ingérés en quantité suffisante, les probiotiques exercent théoriquement des effets bénéfiques sur la santé. Bactéries ou levures, il existe plusieurs centaines de ces micro-organismes, dont une partie seulement sont connus.

Selon Nathalie Béland, nutritionniste clinicienne au Centre mère-enfant du Centre hospitalier de l’Université Laval et spécialiste en gastroentérologie pédiatrique, le Bifidobacterium lactis utilisé dans la préparation de Nestlé «est l’un de ceux qui ont été bien étudiés et dont les résultats suggèrent qu’il a un effet positif, qu’il y a effectivement une augmentation réelle de sa présence dans l’intestin et qu’il renforce la réponse immunitaire de façon favorable».

Pour être efficaces, les bactéries doivent cependant être ingérées en très grande quantité, jusqu’à un milliard par jour. Le lait maternisé Nestlé garantit-il un tel apport? Oui, estime Nathalie Béland, qui souligne par ailleurs que seule la régularité et la quantité permettent d’en mesurer les bienfaits sur l’organisme.

Mener plus d’études
Toutefois, la spécialiste reconnaît que les études menées jusqu’à présent ne permettent pas d’avoir un «effet rétrospectif»:

«S’agissait-il de bébés qui en prennent régulièrement? Si oui, a-t-on constaté une réduction du nombre de coliques? Et a-t-on obtenu une meilleure réponse immunitaire à long terme? Pour l’instant, rien ne permet de conclure avec certitude.»

Dans une étude parue en décembre dans la revue américaine Pediatrics, des chercheurs de l’American Academy of Pediatrics confirment que «l’efficacité des ajouts de probiotiques dans les formules pour nourrissons reste à démontrer» dans le cadre d’études plus poussées.

Vive le lait maternel!
L’ajout de probiotiques peut avoir un intérêt pour certains nourrissons qui n’auraient pas développé une «base de bactéries» au cours de leurs premières semaines de vie, notamment après une naissance par césarienne ou lorsqu’ils ne sont pas nourris au sein.

«Un nouveau-né acquiert des bactéries à l’accouchement et par l’alimentation. La flore intestinale sera différente selon le mode d’accouchement [voie vaginale ou césarienne] et le type d’alimentation [lait maternel ou formule], confirme la Dre Valérie Marchand, pédiatre au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine, à Montréal, et représentante de la Société canadienne de pédiatrie. Le B. lactis est une bactérie inoffensive que l’on retrouve dans le lait maternel. C’est sans doute pour cela que l’industrie l’utilise dans des préparations, afin de “mimer” le plus possible le lait maternel et se rapprocher de la flore intestinale du bébé qui est allaité.»

Cependant, insiste la Dre Marchand, «rien ne peut remplacer ou se rapprocher réellement du lait maternel».

À noter que la formule enrichie en probiotique de Nestlé est bien la seule, aujourd’hui, sur le marché canadien. Mais cet ajout a un prix: une boîte de 640 g de Nestlé Bon départ coûte en moyenne une trentaine de dollars, sans les taxes. Selon nos observations, c’est environ 10 ¢ de plus par 100 g que les préparations traditionnelles.

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