20 octobre 2013

Traitement de l’hirsutisme secondaire au syndrome des ovaires polykystiques

Le syndrome des ovaires polykystiques est une maladie qui touche entre 5 à 10 % des femmes en âge de procréer. L’hirsutisme est une des manifestations les plus dérangeantes pour les femmes atteintes de ce syndrome. La principale cause de l’hirsutisme est une augmentation des androgènes circulants, ce qui fait que les agents antiandrogène sont les agents de choix.
La première option recommandée est l’utilisation de contraceptifs oraux combinés avec un progestatif n’ayant aucune activité androgénique ou une activité antiandrogénique. Les études sur l’hirsutisme ont porté sur des contraceptifs possédant une concentration entre 30 et 35 µg d’éthinylestradiol, il est donc recommandé d’utiliser des agents possédant cette concentration. En plus de la diminution de l’hirsutisme, les COCs permettent de réduire l’acné, contrôler le cycle ovulatoire et protéger les femmes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques contre l’hypertrophie endométriale. Les études auraient démontré une efficacité équivalente entre la cyprotérone 2 mg/j (Diane-35) et la drospirénone 3 mg/j (Yasmin/Yaz).
La deuxième ligne de traitement est la spironolactone, un agent antialdostérone et antiandrogène. Elle peut être utilisée en monothérapie ou en combinaison avec les COCs selon les préférences de la patiente en fonction des divers effets du médicament et de la tolérance. Une dose quotidienne de 100 mg/j a démontré une bonne efficacité pour réduire l’hirsutisme en monothérapie. Il est reconnu que la spironolactone possède un effet qui est dose dépendante, mais aucune étude n’a été effectuée avec différentes doses pour supporter cette affirmation. Une dose quotidienne de 25 mg de spironolactone aurait une efficacité similaire au niveau de l’hirsutisme à 3 µg de drospirénone. Il semblerait avoir une possible synergie entre les COCs et la spironolactone.
Le finastéride à une dose quotidienne de 2,5 à 5 mg a démontré une efficacité dans le traitement de l’hirsutisme. Certaines études le place équivalant à la spironolactone, alors qu’il s’est montré inférieur dans d’autres études. Il n’est pas considéré comme le premier choix. Il est intéressant de noter qu’aucune différence significative n’a été notée entre la dose de 2,5 et 5 mg.
D’autres agents ont été suggérés et étudiés dans le traitement de l’hyperpilosité. Le flutamide et la cyprotérone. Toutefois, il existe mois d’évidence avec la cyprotérone à haute dose en traitement chronique et son association à des COCs contenant déjà de la cyprotérone semble ne pas avoir de bénéfice supplémentaire. Pour sa part, le flutamide a été démontré efficace, mais les effets indésirables au niveau hépatique en limitent l’utilisation.
Il n’est pas recommandé d’utiliser de corticostéroïdes, d’analogue de la GnRH ou les agents comme la metformine et les thiazolidinedione puisqu’ils n’ont pas démontré une aussi bonne efficacité que les choix précédants et/ou plus d’effets indésirables et/ou un schéma posologique plus complexe.
Certaines études ont évalué l’efficacité de traitement topique d’antiandrogène tel que le finastéride et le canrenone (métabolite actif de spironolactone) et n’ont démontré aucun bénéfice au niveau de la pilosité. L’eflornithine est le seul agent topique ayant démontré une efficacité à réduire l’apparition des poils. Il agit en inhibant une enzyme essentielle à la pousse du poil, mais la crème doit être appliqué deux fois par jour, elle prend entre 4 à 8 semaines pour avoir une efficacité et les poils doivent être retiré de façon mécanique, car cela ne fait que diminuer la pousse. C’est une option qui peut être dispendieuse et plus complexe à long terme.
Généralement, les études sur l’hirsutisme comparent les agents à un placebo, ce qui empêche de directement comparer l’efficacité des traitements entre eux. Ils ont tous démontré une efficacité plutôt similaire contre le placebo. À chaque ajout ou changement d’agent, il faut attendre jusqu’à 6 mois pour juger de l’efficacité de la thérapie, puisque c’est la demi-vie estimée d’un follicule pileux.

Références:
1- Uptodate, Treatment of hirsutism, consulté le 2013-10-01
2- VigilanceRx, fiche vaniqa, consulté le 2013-10-01
3- Ehrmann DA. Polycystic ovary syndrome. N Engl J Med 2005; 352:1223.
4- Martin KA, Chang RJ, Ehrmann DA, et al. Evaluation and treatment of hirsutism in premenopausal women: an endocrine society clinical practice guideline. J Clin Endocrinol Metab 2008; 93:1105.
5- Koulouri O, Conway GS. Management of hirsutism. BMJ 2009; 338:b847.

Rédigé par M.L., étudiant en pharmacie

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