L’insomnie frapperait 30 à 40 % des sujets dans les enquêtes qui lui sont consacrées. Les formes sévères et chroniques de ce syndrome seraient moins fréquentes, puisqu’elles ne concernent que 10 à 15 % des sujets interrogés, mais leur prévalence augmente avec l’âge pour atteindre 25 % chez le sujet âgé. En cas de maladie chronique sous-jacente, certaines études rapportent une insomnie dans près de 70 % des cas.
Les remèdes sont sinon inefficaces, du moins peu efficaces et souvent décevants. L’automédication est répandue, quand ce n’est pas l’ingestion d’alcool dans le but d’induire un sommeil qui sera de mauvaise qualité. Les somnifères ont leurs limites, tout autant que les psychotropes de toute nature, notamment les benzodiazépines qui apportent un bénéfice modeste, de l’ordre d’une heure de sommeil en plus en moyenne, au prix de risques considérés comme non négligeables : retentissement sur les fonctions cognitives, risque de chute et de fracture chez le sujet âgé, incidence sur la conduite automobile…
Dans ces conditions, pourquoi ne pas se tourner vers les remèdes de nos grands-mères, dont l’extrait de valériane est un peu un archétype ? Utilisée depuis des dizaines d’années en Europe, cette plante est en train de conquérir les Etats-Unis. Ainsi, dans une enquête réalisée en 2002, 1,1 % des Américains avouaient avoir eu recours à l’extrait de valériane dans la semaine qui avait précédé.
Une revue systématique des essais randomisés, menés contre placebo, plaide en faveur de l’efficacité symptomatique de cette substance à la fois peu onéreuse et anodine. Au total, 16 études ont été retenues, dans lesquelles ont été inclus 1 093 malades. Certes, il existe quelques imperfections méthodologiques qui incitent à une certaine prudence dans l’interprétation des résultats, qu’il s’agisse des doses de valériane utilisées, des préparations et de la longueur du traitement. Dans 6 études, les effets de la valériane sur le sommeil sont partagés (amélioration ou pas) mais le bénéfice global semble significatif, avec un risque relatif d’amélioration du sommeil sous valériane de 1,8. Mais les biais de publication desservent cependant la cause de la valériane.
Il est donc bien difficile de conclure quant à l’efficacité de ce vieux remède puisque les standards méthodologiques ne sont pas respectés. Cependant dans l’attente d’essais contrôlés rigoureux où le principe actif sera utilisé dans des préparations standard, à des doses connues avec précision, on peut déjà affirmer que les effets de la valériane sur le sommeil, probablement modestes, voire hypothétiques, s’accompagnent d’une tolérance parfaite. Alors pourquoi ne pas essayer ?
Dr Philippe Tellier
Bent S et coll. : “Valerian for sleep: a systematic review and meta-analysis.” Am J Med 2006; 119: 1005-1012.
04 février 2007
Tentons la valériane
Après plus d'un mois d'inactivité, tentons de relancer tranquilement ce blog. Pour redébuter, attaquons-nous à un sujet toujours d'actualité dans nos pharmacie: l'insomnie ! Voici donc un extrait de jim.fr traitant de la valériane:
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