Maladie chez la mère
Très peu de maladies de la mère nécessitent une interruption de l'allaitement. C'est particulièrement vrai des maladies infectieuses, soit celles pour lesquelles on dit le plus souvent à la mère d'arrêter d'allaiter. La plupart des infections sont causées par des virus. Dans la majorité des infections virales, la mère est contagieuse avant même de se rendre compte qu'elle est malade. Quand la fièvre (ou le rhume, l'écoulement nasal, la diarrhée, les vomissements, les éruptions cutanées, etc.) se manifeste chez la mère, l'infection a déjà été transmise au bébé. Comme l'allaitement protège le nourrisson contre l'infection, la mère doit poursuivre l'allaitement pour le protéger. Si le bébé tombe malade, ce qui est possible, il le sera moins gravement que s'il n'était plus allaité. Mais souvent, les mères constatent avec joie que leur enfant n'est même pas malade. Il a été protégé par le lait maternel. Les infections bactériennes (comme les streptococques) ne posent aucun problème elles non plus.
La seule exception définitive, c'est la séropositivité pour le VIH chez la mère. En attendant d'en savoir davantage, on estime qu'une mère séropositive ne devrait pas allaiter, du moins quand les risques associés au lait artificiel sont acceptables. Il y a toutefois des circonstances, même au Canada, où les risques de ne pas allaiter sont suffisamment élevés pour que l'allaitement ne soit pas forcément déconseillé. Sur ce sujet, beaucoup de questions sont encore sans réponse. En fait, une étude récente a démontré que l'allaitement exclusif protégeait mieux le bébé contre la contamination par le VIH que l'alimentation au lait artificiel, et que le risque le plus élevé de transmission verticale était associé à l'alimentation mixte (lait maternel + lait artificiel). Ces résultats demandent à être confirmés.
Les anticorps du lait maternel
Certaines mères souffrent de maladies « auto-immunes », comme le purpura thrombopénique idiopathique, les maladies thyroïdiennes auto-immunes et de nombreuses autres. Ces maladies se caractérisent par le fait que l’organisme fabrique des anticorps contre ses propres tissus. On a conseillé à certaines mères de cesser d'allaiter parce que ces anticorps passent dans le lait et pourraient rendre leur bébé malade. C’est incroyablement insensé.
La majeure partie des anticorps du lait maternel sont des IgA, des immunoglobulines sécrétoires. Les maladies auto-immunes ne sont pas causées par les IgA. Et même si elles l’étaient, les IgA sécrétoires ne sont pas absorbées par le bébé. La question est donc sans objet. La mère doit continuer à allaiter.
Nouvelle grossesse
Nul besoin de cesser d’allaiter en cas de grossesse. Rien ne prouve que cela nuira à la mère, au fœtus ou au bébé allaité. Si la mère veut arrêter d’allaiter, elle peut prendre son temps et sevrer son bébé en douceur, quoique la production lactée est souvent plus basse durant la grossesse, et certains bébés cesseront de téter de leur propre initiative.
Maladie chez le bébé
Il est rare que le sevrage soit nécessaire à cause d'une maladie chez l'enfant. Grâce à l'allaitement, la mère peut réconforter son enfant malade, et en tétant l'enfant réconforte sa mère.
Diarrhées et vomissements.
Les infections gastro-intestinales sont rares chez les bébés exclusivement allaités. (Toutefois les selles molles ou liquides sont normales et très courantes chez les bébés exclusivement allaités.) Si un tel problème survient, le meilleur traitement est de poursuivre l'allaitement. Le bébé guérira plus rapidement s'il est allaité. Dans la grande majorité des cas, le bébé guérira rapidement avec le lait maternel seulement, et n'a pas besoin de soi-disant solutions de réhydratation, sauf dans des cas extraordinaires.
Maladies respiratoires.
D'après un mythe, il ne faudrait pas donner de lait aux enfants souffrant d'infections respiratoires. Que ce soit vrai ou non pour les autres laits, c'est certainement faux pour le lait maternel.
La jaunisse (ictère).
Les bébés exclusivement allaités présentent fréquemment une jaunisse pouvant même durer jusqu'à trois mois, toutefois la pigmentation jaune de la peau est peu visible à l'examen clinique. C'est tout à fait normal. Il existe des jaunisses pathologiques mais, sauf dans de très rares cas, elles ne nécessitent pas l'interruption de l'allaitement. Si l'allaitement se passe bien, la jaunisse n'est pas en soi une raison suffisante pour l'interrompre. En revanche, s'il y a un problème d'allaitement, sa correction peut améliorer la jaunisse; la suspension de l'allaitement, même pour peu de temps, risque d'être irréversible. Suspendre l'allaitement n'est ni une solution, ni une bonne idée.
Le bébé malade n'a pas moins besoin d'être allaité, il en a plus besoin !
En cas de problème non abordé ci-dessus, il ne faut pas supposer à priori qu'il faut arrêter l'allaitement mais continuer à allaiter et se renseigner. On a recommandé à des mères de sevrer leur enfant pour des raisons trop stupides pour qu'on en parle.
Tiré du site La Calinerie
15 janvier 2008
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