Un vaccin pour traiter l'hypertension est actuellement expérimenté avec succès par des chercheurs suisses qui publient leurs résultats prometteurs dans la dernière édition de la revue britannique The Lancet.
Bien qu'il existe déjà plusieurs médicaments efficaces pour soigner cette maladie dont 14,5 % de la population canadienne est atteinte, un vaccin permettrait de solutionner un problème tout simple, comme l'oubli de prendre son médicament, qui explique pourquoi il est parfois si difficile d'abaisser adéquatement la tension artérielle de plusieurs patients.
Selon le chercheur principal de l'étude, entre 50 % et 80 % des hypertendus auxquels on a prescrit la prise quotidienne de médicaments hypotenseurs ne suivraient pas à la lettre leur traitement.
Le vaccin dénommé CYT006-AngQb est constitué de particules virales auxquelles on a greffé l'angiotensine II, un peptide qui induit la constriction des vaisseaux sanguins et, de ce fait, accroît la tension artérielle.
En neutralisant l'angiotensine II, les anticorps exercent un effet comparable aux médicaments déjà sur le marché, qui bloquent les récepteurs auxquels se lie le peptide et préviennent ainsi l'expression de son effet vasoconstricteur.
L'effet de ce vaccin, dont la durée d'action est d'environ quatre mois, a été mesuré dans le cadre d'une étude impliquant 72 personnes volontaires souffrant de formes légères ou modérées d'hypertension artérielle.
Elles ont reçu soit une faible dose de 100µg du vaccin, soit une dose de 300 g, soit un placebo. À part le fait que l'administration du vaccin a provoqué quelques réactions bénignes, au site d'injection, et de passagers symptômes similaires à ceux de la grippe chez certains individus, la plus haute dose du vaccin entraînait clairement une réduction de la tension artérielle tout au cours de la journée.
Or cette diminution était encore plus marquée au petit matin, une période critique de la journée où la tension monte en flèche chez tous les individus, mais de façon encore plus prononcée chez les hypertendus. À 8 h, les chercheurs ont noté une diminution de la pression systolique par rapport au placebo.
Pour le spécialiste de l'hypertension, Jacques de Champlain, clinicien-chercheur à Montréal, le vaccin CYT006-AngQb représente « un premier pas intéressant, une approche thérapeutique originale qui a donné des résultats réels. »
Toutefois, il a souligné que ce vaccin abaisse la tension artérielle, mais ne la corrige pas complètement, car la plupart des hypertendus doivent prendre plus d'un médicament pour contrôler leur tension artérielle : entre deux et trois médicaments qui agissent sur des cibles différentes. Le vaccin ne remplace que l'un d'eux.
« On réussit à corriger l'hypertension par un seul médicament chez à peine 25% à 30% des patients. »
À l'instar de spécialistes suédois qui signent un commentaire dans The Lancet, le Dr de Champlain a évoqué les dangers associés aux vaccinations qui doivent être répétées périodiquement, comme c'est le cas avec le vaccin CYT006-A7ngQb.
« Ces rappels peuvent induire des immunisations croisées, des hypersensibilités à des substances auxquelles la personne n'était pas sensible auparavant. Ils pourront aussi à long terme atténuer l'effet du vaccin. »
Il a néanmoins souligné que « cette découverte ouvre une nouvelle porte » qui pourrait même avoir des retombées sur d'autres maladies chroniques, comme le diabète ou l'athérosclérose, qui nécessitent la prise quotidienne de médicaments.
Tiré de Passeport Santé
26 mars 2008
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