Comme je cotoie plusieurs mamans qui allaitent et qui prennent du Micronor, je me suis rendue compte que malheureusement, le conseil de base du pharmacien était absent, incomplet et/ou incompris.
Certaines mamans pensaient devoir prendre la pilule 3 semaines et la 4e semaine ne pas la prendre (pilule de farine à jeter comme les autres anovulants...).
Plusieurs mamans n'étaient pas au courant de la procédure en cas d'oubli: si délai de 3heures ou plus, 48h avec un autre moyen de contraception.
Voici en plus un avis de Santé Canada trouvé par Manon Couture, pharmacienne, suite à une inquiétude d'une maman avec un bébé qui ne prenait pas assez de poids. Dans son cas, je ne crois pas le Micronor responsable, car les rapports de cas sont très rares et parlent plutôt de perte ou d'absence de prise de poids.
Avis du Comité d’experts en planning familial de l’Institut national de santé publique du Québec concernant l’utilisation des pilules à progestatif seul (Micronor®) durant l’allaitement
30 mars 2011
Le communiqué de Santé Canada
En juillet 2007, Santé Canada a émis un communiqué faisant état de l’existence de 13 déclarations canadiennes de diminution de la lactation puerpérale soupçonnée associée à l’utilisation de la pilule à progestatif seul Micronor® (POP), et ce, depuis la mise en marché de ce contraceptif oral en 1972. Dans certaines de ces déclarations, on a également signalé la perte ou l’absence de prise de poids chez les nouveau-nés allaités. Les cas concernaient des mères, en période postnatale, âgées de 22 à 35 ans (médiane de 30 ans). L'âge n'était pas indiqué dans 2 cas. La thérapie à la noréthindrone a été débutée plus de 6 semaines après l'accouchement dans 9 cas et moins de 6 semaines après l'accouchement dans 3 cas. Cette information n'a pas été fournie dans 1 cas. Le delai d'apparition de la réaction a été signalé dans 9 des cas et variait de 3 à 16 jours après le début de la thérapie à la noréthindrone. Lorsqu'on a mis fin à la thérapie, 10 femmes ont vu leur production de lait augmenter et 3 d'entre elles avaient utilisé des produits de santé pour améliorer la lactation (dompéridone, fenugrec et chardon béni).
Les évidences scientifiques
Une revue de littérature a été mise à jour et une autre publiée, en 2010, sur ce sujet. Dans la revue de littérature Cochrane on cite deux essais randomisés dans lesquels l’utilisation de Micronor durant les 14 premiers jours post-partum ou après six semaines post-partum, comparativement à un placébo, n’a pas causé de différence significative dans le volume de lait maternel, sa composition et la croissance des nouveau-nés. La conclusion de cette revue est que les données scientifiques sont insuffisantes pour conclure qu’il existe un effet des POP sur la quantité et la qualité du lait maternel ou sur la croissance des nouveau-nés.
Dans la seconde revue de littérature on fait état des mêmes essais randomisés. On décrit également un essai clinique non randomisé dont les participantes utilisant une POP durant les jours 2 à 14 post-partum présentaient une production lactée et une croissance des nouveau-nés supérieures au groupe des femmes qui utilisaient un placébo. Cette revue de littérature expose également les résultats de plusieurs études observationnelles dans lesquelles, quelque soit le moment où la POP est débutée après l’accouchement, on observe :
o Une augmentation ou aucune différence dans la durée de la lactation, chez les femmes utilisant les POP comparativement à celles utilisant la méthode de l’aménorrhée liée à la lactation (LAM).
o Une utilisation moins grande de suppléments alimentaires et une plus grande production lactée ou aucune différence dans ces paramètres, chez les femmes utilisant une POP comparativement à celles utilisant une méthode contraceptive non hormonale.
o Aucun effet des POP sur le poids et la croissance des nouveau-nés comparativement à un placébo.
Les données sont similaires pour les autres contraceptifs à progestatif seul (injections et implants contraceptifs, stérilet contenant un progestatif).
La conclusion de cette revue est que les évidences scientifiques sont consistantes pour affirmer que les méthodes contraceptives à progestatif seul, telles que les POP, ne compromettent pas la capacité des femmes à allaiter et n’affectent pas la croissance, la santé et le développement de l’enfant durant sa première année de vie.
Les recommandations internationales
Deux grandes organisations, l’Organisation mondiale de la santé et le Centers for Disease Control and Prevention, ont émis des recommandations quant à l’utilisation des POP en post-partum. Leurs recommandations sont légèrement différentes.
Dans les deux documents les catégories de classification utilisées pour les problèmes ou conditions de santé sont semblables:
Catégorie 1 : condition pour laquelle il n’y a aucune restriction à utiliser la méthode contraceptive.
Catégorie 2 : condition pour laquelle les avantages d’utiliser la méthode contraceptive généralement surpassent les risques prouvés ou potentiels
Catégorie 3 : condition pour laquelle les risques prouvés ou potentiels généralement surpassent les avantages d’utiliser la méthode.
Catégorie 4 : condition pour laquelle les risques d’utiliser la méthode sont inacceptables.
Les recommandations de ces deux organisations sont les suivantes :
Organisation mondiale de la santé
Allaitement :
< 6 semaines post-partum: Catégorie 3
≥ 6 semaines à < 6 mois post-partum : Catégorie 1
≥ 6 mois post-partum : Catégorie 1
Centers for Disease Control and Prevention
Allaitement :
< 1 mois post-partum : Catégorie 2
≥ 1 mois à < 6 mois post-partum: Catégorie 1
≥ 6 mois post-partum : Catégorie 1
La position de l’INSPQ
En accord avec les autorités internationales et tel que stipulé dans le Guide Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans - 2011, la position de l’INSPQ est la suivante :
Méthodes contraceptives pendant l’allaitement :
Voici les méthodes contraceptives que vous pouvez utiliser si vous allaitez :
o Le condom
o Le stérilet
o La pilule à progestatif seul (Micronor®)
o L’injection contraceptive (Depo-Provera®)
o Le diaphragme ou la cape cervicale
o Les contraceptifs hormonaux combinés, c’est-à-dire toutes les pilules contraceptives habituelles qui contiennent de l’oestrogène et un progestatif, le timbre contraceptif et l’anneau vaginal contraceptif : il est suggéré d’attendre au moins six semaines après l’accouchement ou la césarienne avant de commencer ce type de méthode.
Si vous prenez des contraceptifs hormonaux (contraceptifs hormonaux combinés, pilule à progestatif seul, injection contraceptive, stérilet au levonorgestrel Mirena®), soyez attentive à votre production de lait ainsi qu’à la croissance du bébé et à sa satisfaction au sein. Si vous notez un problème, communiquez avec une consultante en lactation (IBCLC), votre sage-femme, votre médecin ou l’infirmière du CLSC.
Tel que constaté, ces recommandations autorisent l’utilisation des POP durant l’allaitement sans délai particulier après l’accouchement, tout en prenant soin d’aviser les femmes de porter attention à leur production lactée ainsi qu’à la croissance et à la satisfaction au sein du nouveau-né. Rappelons que le début de l’utilisation des POP dans les 21 jours qui suivent l’accouchement ou la césarienne permet d’assurer une contraception efficace avant la première ovulation.
L’INSPQ reconnaît que certains cas particuliers de réduction de la production lactée peuvent survenir, tel que montré dans le communiqué de Santé Canada en 2007. Cependant, compte tenu des évidences scientifiques, ces situations particulières ne peuvent être généralisées à la population.
31 janvier 2012
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