Les
électrolytes sont des constituants essentiels aux fonctions de
l’organisme. Leur rôle est d’assurer un équilibre de la
pression osmotique cellulaire, la conduction nerveuse, la contraction
musculaire, la conduction cardiaque, etc. Un équilibre de charge
positive et négative ainsi que des concentrations des électrolytes
est essentiel à notre fonctionnement optimal. Les hyponatrémies et
les hypokaliémies sont des désordres que l’on retrouve
fréquemment chez les personnes avec une fonction rénale altérée
par une maladie, par la médication ou chez les gens ayant un apport
insuffisant jumelé avec des pertes excessives. Il est important de
corriger les déficits en électrolytes pour éviter les
complications allant de simple chute de pression à des arythmies
malignes potentiellement mortelles. Ce texte résumera les principaux
principes de prise en charge de l’hypokaliémie.
Il
existe principalement deux grandes façons de refaire les réserves
de potassium sérique (normal = 3,5 à 5,0 mmol/L) chez une personne
présentant une hypokaliémie, soit l’utilisation de potassium pour
refaire les réserves ou l’utilisation d’un agent qui vont
limiter l’excrétion de potassium par le rein. Afin d’utiliser la
meilleure méthode pour le patient, il est primordial d’identifier
la cause de l’hypokaliémie, car la réponse au traitement peut
varier dépendamment de la cause sous-jacente. L’hypokaliémie
légère à modéré (entre 3,0 à 3,4 mmol/L) est souvent
asymptomatique alors que l’hypokaliémie sévère (moins de 3,0 mmol/L)
s’accompagne de faiblesses musculaires et d’arythmies, un suivi
étroit de l’ECG est recommandé.
En
premier lieu, lorsque la cause de l’hypokaliémie est un déficit
par perte (ex: vomissements, diarrhées, etc.) le traitement de base
est la supplémentation. Il est souvent recommandé du supplémenter
par la voie per os lorsque le déficit est léger à modéré et
d’utiliser la voie intraveineuse lorsque l’hypokaliémie est plus
sévère. Il existe différents sels de potassium qui peuvent être
utilisés, le chlorure étant le plus fréquent, il est possible de
prendre du bicarbonate lorsque le patient présente une acidose
métabolique ou le phosphate lors d’hypophosphatémie conjointe à
l’hypokaliémie. Si le potassium sérique est très bas, il est
recommandé de suspendre les agents pouvant provoquer son élimination
pour rétablir plus rapidement la kaliémie du patient. Lorsqu’un
patient reçoit une supplémentation de potassium sur une base
régulière, il est recommandé de faire le suivi de la kaliémie aux
3 à 4 mois lorsque la dose et le patient sont stables.
En
second lieu, lorsque l’hypokaliémie est causée par une
augmentation de la sécrétion (ex: diurétique, hyperaldostéronisme,
etc.) il est possible d’essayer de supplémenter. Par contre, la
majorité du temps, le corps atteint un équilibre entre l’excrétion
et l’absorption et lorsqu’on supplémente, l’équilibre va
changer et le corps va excréter plus de potassium rendant ainsi la
supplémentation inutile. Dans ce cas, il est plus efficace d’ajouter
un agent dit "épargneur de potassium" qui va permettre de
réduire l’excrétion rénale de potassium et retrouver une
kaliémie à l’équilibre. Les différents agents sont: les IECAs,
les ARAs, le triamtérène (Dyazide), l'amiloride (Moduret) et la
spironolactone (Aldactone). L’amiloride et le triamtérène sont à
favoriser en premier choix vu une meilleure tolérance et un coût
plus faible de la thérapie. Avant d’initier ces agents, il est
important de s’assurer que la clairance rénale est adéquate et
faire le suivi de la fonction rénale et des ions du patient. Le
suivi doit être effectué à l’initiation, une semaine et un mois
après puis de façon régulière aux quelques mois. Le poids du
patient peut être un marqueur intéressant pour un pharmacien
d’officine pour évaluer l’état d’hydratation ou de la
fonction rénale chez un patient à risque.
Bref,
l’hypokaliémie est un désordre électrolytique qui peut être
asymptomatique si léger, mais aussi très grave si sévère
(rhabdomyolyse, arythmies,etc.) qui doit être pris en charge de
façon adéquate. Pour un pharmacien d’officine, il est à peu près
impossible d'identifier le problème, mais il est possible de
contribuer au traitement en identifiant les causes médicamenteuses
possibles et jugeant de leur pertinence dans le traitement du
patient. Il existe une troisième cause d’hypokaliémie qui est
plutôt reliée au milieu hospitalier, c’est la redistribution du
potassium à l’intérieur des cellules qui est souvent provoquée
par différents agents, l’insuline en perfusion et une activité
bêta adrénergique accrue (nébulisation de bronchodilatateur,
utilisation d’épinéphrine, stress intense,etc.) Ces causes sont
souvent temporaires et la supplémentation doit être faite de façon
prudente pour éviter une hyperkaliémie lors de la correction.
Références:
1-
Uptodate.
Clinical manifestations and treatment of hypokalemia, consulté le
2013-11-29
2-
Gennari
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Hypokaliemia. N Engl J Med, 1998; 339: 451-8
3-
Cohn
JN, Kowey PR, Whelton PK et coll.
New Guidlines for Potassium Replacement in Clinical Practice. Arch
Intern Med. 2000; 160: 2429-36
4-Truven
Health Analytics,
Micromedex 2.0, 2013, consulté le 2013-11-29
Rédigé par M.L. étudiant en pharmacie
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